Dès le 16ème siècle les barbaresques musulmans venus d'Afrique du nord patrouillent en mer, capturent des navires de commerce, rançonnent les puissances chrétiennes, lancent des razzias sur le littoral et ramènent des prisonniers chrétiens, hommes femmes et enfants, dont ils demandent rançon ou qu'ils vendent comme esclaves.
Les barbaresques opéraient principalement dans le bassin méditerranéen occidental mais sont allés jusqu'aux îles Britanniques, aux Pays-Bas et en Islande.


Devenues bases de départ des caravanes de captifs pour les sérails, les cités côtières du Maghreb sont passées ensuite sous domination ottomane par le fait du développement de l'empire turc sur le monde arabo-musulman.
Ces villes seront les derniers foyers de piraterie méditerranéenne jusqu'à la colonisation au 19ème siècle qui mit fin au djihad maritime et à l'esclavage des chrétiens.

Le chébec était le bateau favori des forbans et des corsaires barbaresques avec 400 et jusqu'à 500 hommes à bord, équipage et combattants armés pour l'abordage.
C'était un navire de combat presque impossible à poursuivre par des adversaires de plus grande puissance de feu mais plus lourds et moins manœuvrants.
Bas sur l'eau, le chébec était de surcroît difficile à canonner.


Voici un chébec barbaresque face à des vaisseaux néerlandais lors d'une des nombreuses expéditions contre Tripoli, Alger, Tunis et autres cités portuaires d'Afrique du nord.


La suppression des galères par le comte de Maurepas en 1748 posa le problème de la protection du littoral de la France et de ses alliés.
En 1749, le commandant de la Marine de Toulon suggéra à la cour l'utilisation de chébecs dans notre flotte, plus maniables et rapides que nos corvettes ou frégates.
La proposition de Monsieur d'Orves visait à combattre efficacement le harcèlement des barbaresques sur les caboteurs marchands, notamment lors de la grande foire de Beaucaire, profitant de l'importance du trafic.

La foire de Beaucaire

Les chébecs français furent donc construits pour servir de gardes-côtes, mais ils ont aussi accompli de nombreuses missions de courrier rapide, d'escorte de convois, de police maritime et de protection portuaire.
Ils ont également participé à des campagnes en support d'escadre dans la Marine Royale et parfois ont été armés en course à titre privé, avant d'être convertis en transporteurs marchands ou en navires de pêche.
C'étaient de véritables bateaux à tout faire.

Un chébec s'illustre une fois de plus sous le Premier Empire.
L'Intrépide, commandé par le capitaine corsaire Joseph Bavastro de Nice, livre un combat fabuleux contre deux navires anglais (le Mary Stevens et l'Astrea) qu'il capture.
Le 10 Février 1804, les marchandises de la prise des bricks anglais sont vendues dans la chancellerie du commissariat français à Cadix.



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