____ les couleurs dans la marine en bois ____



Couleurs utilisées dans la marine française militaire et commerciale de 1650 à 1850. Source: Jean Boudriot, extrait

BLEU AZUR - HAUT DES ŒUVRES MORTES

Couleur relativement coûteuse qui, lorsqu'elle est préparée à partir de l'émail commun, est employée pour les hauts des œuvres mortes.
Son usage est à priori limité et sera abandonné dans la marine militaire au 19ème siècle.
Le bleu azur d'émail fin, très onéreux, est utilisé pour quelques décors emblématiques. Il existe également un azur factice à base d'indigo ou "suc de violette" mêlé de craie comparable à l'azur d'émail commun.


BLEU DE PRUSSE - DÉCORATIONS

Son prix prohibitif en restreint l'usage à quelques effets de décoration, et il n'est pas possible d'envisager son application sur des surfaces de quelque importance.


OCRE JAUNE - LES EXTÉRIEURS

Couleur bon marché par excellence, l'ocre jaune est largement employée notamment pour les extérieurs de bâtiments, ceci jusqu'au 19ème siècle, la tendance à partir de l'Empire étant de substituer le blanc à l'ocre jaune pour les extérieurs.


OCRE ROUGE - LES INTÉRIEURS

Un peu plus coûteuse que l'ocre jaune, cette couleur est la plus utilisée par la marine de l'ancien régime, surtout pour les intérieurs (à tort ou à raison, l'emploi généralisé de l'ocre rouge dans les batteries serait justifié comme ne mettant pas en évidence le sang provoqué par les projectiles et surtout les éclats de bois)


JAUNE DE NAPLES - DÉCORATION

Ce jaune plus clair et plus transparent que l'ocre jaune est utilisé sous l'ancien régime pour la décoration, permettant de simuler la dorure, notamment pour les éléments de sculpture.
Sous l'Empire, la tendance est à la substitution de l'ocre rouge, pour les intérieurs de batterie, par un jaune pâle analogue au jaune de Naples, pratique imitée des Anglais qui met en cause la justification de l'ocre rouge indiquée précédemment.


VERT OLIVE - HAUT DES ŒUVRES MORTES

A ma connaissance, utilisé seulement par la marine au commerce, notamment pour la partie supérieure des œuvres mortes de certains vaisseaux de la Compagnie des Indes.


VERT DE MER - LES EXTÉRIEURS

D'un vert plus décidé que le précédent, la marine militaire l'utilise relativement peu. Il y a cependant quelques exemples pour l'arsenal de Toulon sous l'ancien régime; l'emploi du vert se limite aux extérieurs.
Sous l'Empire et la Restauration, on constate l'emploi discret du vert combiné avec le noir. Bref, le vert est surtout utilisé par la marine au commerce, sans que ce soit pour autant une couleur courante pour celle-ci.


VERMILLON - LES INTÉRIEURS

Cette couleur, dite également cinabre, est un produit coûteux et il faut des circonstances exceptionnelles pour qu'on la substitue à l'ocre rouge. Le vermillon, utilisé sous l'ancien régime pour quelques vaisseaux de pavillon (ayant à bord un officier général) est abandonné à partir de la révolution.


GRIS - LES LOGEMENTS

Son emploi est limité à certains intérieurs des bâtiments, notamment les logements. Quelques apparaux peuvent être peints en gris, mais en général cette couleur est peu employée dans la marine en bois.


BLANC - LES LOGEMENTS

Sous l'ancien régime on utilise peu le blanc, si ce n'est en peinture à la colle pour les aménagement des cales, faux-ponts et quelques éléments de mâture. Mais à partir du 19ème siècle l'usage du blanc se généralise avec le noir; ce seront les deux tons caractéristiques de la sévère marine de la période Louis-Philippe.


NOIR - FERRURES

Très employé de tous temps pour toutes les ferrures et l'artillerie de fer. Pour les canons, l'addition parfois de terre d'ombre réchauffe le noir de fumée provenant de la résine brûlée.


La préparation et le conditionnement des peintures ou des pigments ne justifient pas d'explications, ceci étant d'un intérêt bien relatif. Sachez cependant que l'on prépare les couleurs sombres avec de l'huile de lin et les couleurs claires avec de l'huile de noix.


CHANVRE GOUDRONNÉ - GRÉEMENT

La teinte d'origine de ce matériau se trouve modifiée par divers traitements. Pour les cordages, les fils de chanvre sont goudronnés soit avant, soit après le commettage, par immersion dans une cuve de goudron chaud. Ce goudron est obtenu par distillation de la sève de bûches de résineux; il est clair avec un reflet rouge, différent de nos produits modernes obtenus à partir du charbon.


CHANVRE - VOILURE

Le coton est un textile relativement peu employé sous l'ancien régime, pratiquement ignoré par la Marine Royale pour ses toiles à voile.
La marine au commerce utilise plus volontiers le coton, et des voiles confectionnées avec celui-ci sont presque blanches, bien plus claires que les voiles en chanvre, tout au moins lorsqu'elles sont neuves car elles deviennent grisâtres à l'usage.


La Marine Royale de l'ancien régime est systématiquement peinte en noir, ocres jaune et rouge, avec parfois un peu de bleu dans la partie supérieure des œuvres mortes.
A partir de la révolution la tendance est à l'abandon des ocres, surtout de l'ocre rouge. Ceci se confirme sous l'Empire.

La Restauration et la période Louis-Philippe consacrent le succès d'une marine "demi-deuil" en noir et blanc, bien caractéristique d'un état d'esprit de rigueur bourgeoise marquant les officiers de l'époque.

Pour le gréement, je dirai que les manœuvres sont moins sombres et les voiles moins claires que nous pourrions l'imaginer.
Et méfions-nous des présentations brillantes; or, outremer, vermillons ne sont que rarissimes exceptions réservées à quelques vice-amiraux ou chefs d'escadre de réputation. De même, la blancheur des voiles n'existe que par opposition avec l'état du ciel ou de la mer.
                                                      Jean Boudriot


COULEUR DES ŒUVRES VIVES

Pour sa protection, la carène était enduite de couroi (ou courée), mélange de suif, d'huile, de soufre, de brai sec ou résine et parfois de verre pilé.
Le couroi était blanc-jaunâtre.